Maurine (10ans) et Michel (son papa) vous présentent
le deuxième tome des aventures de Nico le Fantastico, le beau prince-mouche !
Sur cette page vous ferez connaissance avec la version on-line de sa vie trépidante.

LA
vous pourrez télécharger la version premium
(avec mes graphismes et illustrations de meilleure qualité)
J'enverrai volontiers la version papier (livre bilingue franco-russe) à ceux qui le souhaitent :
il suffit de cliquer ICI pour me le dire.

Nico le fantastico 2

La guerre des toiles



Depuis que Nico, le beau prince mouche, et Nana, la princesse fourmi, ont réussi à s’échapper de la fourmilière de la Reine-Mère, celle-ci a tout tenté pour les retrouver et empêcher leur amour. Mais les jours ont passé, et dans sa chambre royale, la Reine-Mère reste recroquevillée sur son lit, à gémir. L’inquiétude règne dans la fourmilière, car personne n’avait jamais vu la reine dans cet état.
Un jour, elle fait appeler le chef de son armée et lui dit d’une voie faible, tout en se tenant le front avec une patte :
« Colonel, aucun de mes espions n’a réussi à trouver l’endroit où ma fille Nana a atterri. Elle doit avoir fondé sa propre fourmilière à présent. Son amour contre-nature avec ce vulgaire moucheron de Nico… Oh ! Quelle horreur ! La honte me ronge… Partez à sa recherche, aussi longtemps qu’il le faudra. Utilisez votre force bestiale et votre esprit pervers.
- Merci de ces compliments votre Majesté, mais mon départ affaiblira le système de défense de notre colonie. Est-ce bien raisonnable ? Nos ennemis pourraient en profiter pour vous attaquer…
- Je prends le risque. Formez un commando. Prenez avec vous Capitaine et Sergent ainsi que quelques soldats. Soyez les plus discrets possible pour éviter que nos ennemis apprennent que notre colonie est privée de son chef militaire… Mais débrouillez-vous pour ramener la princesse Nana. Il faut qu’elle s’excuse publiquement de l’offense qu’elle m’a faite. Il faut qu’elle renie son amourette avec ce vaurien.
- Et lui ? Dois-je vous l’amener aussi ?
- Faites ce que vous voulez de Nico ! Ce sera votre petit cadeau. Allez, vite, pas un instant à perdre ! »

1 Ne jamais laisser un commando entrer dans un palais

Plusieurs semaines plus tard, quelque part, à mille millepattes de la fourmilière de sa Reine-Mère, Colonel interroge la reine d’une autre fourmilière, une cousine éloignée de la Reine-Mère…

« Comment Colonel !? Vous osez me menacer, moi, la Reine ?! Moi qui, en toute confiance, vous ai laissé entrer dans mon palais avec vos deux soldats !
- Sergent tenez-là bien surtout! Ordonna le Colonel. Allons, allons, je veux juste que vous me disiez tout ce que vous savez sur la princesse Nana… Je suis sûr que vous savez où elle a fondé sa colonie…»
Tout à coup, un silence étrange envahit la chambre royale. La tête de la reine vient de sauter à la façon d’une savonnette qui vous glisse des mains.

Le Colonel observe la couronne royale qui a atterri à l’envers, juste à côté de la tête décapitée.
« Oups, mon Colonel, je crois que j’ai serré un peu fort, dit Sergent.
- Imbécile ! dit le Colonel en s’empressant de pousser sous le lit le corps sans tête de la reine. Ce n’est pas comme ça que nous retrouverons la Princesse Nana.
- Heueue... On interroge les enfants ? demanda Sergent avec une voix supposée remettre une bonne ambiance.
- Mais non !! Vous ne comprenez rien Sergent! Seule la reine de cette fourmilière était assez vieille pour avoir entendu parler de la création d’une nouvelle fourmilière par la princesse Nana. Les enfants sont trop jeunes !
- Pourtant, mon Colonel, une DEPRAVEE comme NANA qui s’amourache d’une MOUCHE, ce Nico là, ça ne passe pas inaperçu ! Les enfants doivent en avoir entendu parler, dit Capitaine en insistant exprès sur les mots qui fâchent le Colonel.
- Pffffffff… Décidément, mon commando n’est constitué que d’abrutis ignares… » dit le Colonel, d’un ton las, en s’allongeant sur le lit royal. Après un long soupir, il reprend avec une voix d’instituteur qui puise au plus profond de sa patience pour expliquer à des enfants inattentifs :
« Vous savez bien qu’une fois qu’elles se sont accouplées, les princesses se séparent à jamais de
leur amoureux. Elles atterrissent seules, trouvent un coin où fonder leur propre fourmilière, commencent à pondre des œufs, pondre des œufs, pondre des œufs… C’est tout ce qui les préoccupe. Donc, quand elle a atterri et qu’elle a fondé sa colonie, personne n’a vu l’affreux prince de Nana. Les fourmis voisines n’ont vu arriver qu’une princesse comme les autres.
- Depuis tout ce temps qu’on la cherche, dit Sergent, pas mal de larves ont dû sortir des œufs de
Nana, et de ces larves pas mal de fourmis ouvrières, et de militaires qui maintenant doivent assurer la sécurité de sa colonie…
- C’est bien pour ça qu’il faut qu’on se dépêche de retrouver Nana. Plus on attend, plus nous aurons d’ennemis à combattre. A l’heure qu’il est, elle a certainement commencé à élever des princes et princesses qui, à leur tour, s’envoleront pour s’accoupler puis fonder chacune une nouvelle fourmilière amie. Il ne faudrait pas qu’elle ait trop d’amis notre Nana…
- Oui, et il ne faudrait pas, en plus, que Nana soit défendue par des princes solitaires ! surenchérit
Capitaine.
- Oh ! Ne vous inquiétez pas pour les vieux princes. Après leur accouplement, ils laissent les futures reines, partent seuls pour vivre en ermite dans un coin de la forêt. Ils perdent leur force, se rabougrissent, et finissent par crever tout seuls, abandonnés de tous!
C’est d’ailleurs pour ça que je ne les envie pas, et que je préfère être un militaire ! Aaaah, ces pauvres niais de princes, quand ils sont dans la fourmilière ils se croient supérieurs à nous parce qu’ils ont des ailes… Ils nous dédaignent, ils nous traitent comme leurs serviteurs… mais n’oubliez jamais, mes chers petits soldats, que nous, nous vivons plus longtemps qu’eux, et nous savons comment eux ils finissent, ces aristocrates : seuls comme des chiens, à crever de faim. Ah ! Ah ! Ah ! »
Au milieu des rires gras du Colonel et des membres de son commando, une petite princesse entra dans la chambre royale et tenta de parler au Colonel:

« Excusez-moi… Excusez-moi !». Mais personne ne l’entendait. « Excusez-moi !! EXCUSEZ-MOI !!! COLONEL, VOUS ALLEZ LA FERMER, OUI !!!! »
Le Colonel se leva du lit royal en bondissant de surprise. Puis voyant la petite princesse, il s’avança lentement vers elle avec un petit rictus effrayant :
« Oh mais qu’avons-nous là… Une future reine qui veut s’entrainer à mater les militaires ?
- Euh, non mon Colonel… Je voulais juste dire, euh… Je ne voulais pas vous offenser. J’ai dit
« excusez-moi », mais personne ne m’écoutait, bredouilla la petite princesse impressionnée par la taille imposante du colonel.
- Allons, parle sans crainte mon petit. Tu veux voir ta « Mooman chérie » ? Elle est sortie prendre l’air un moment, elle a mal à la tête je crois, dit le Colonel avec un large sourire, faisant pouffer de rire le Sergent.
- C’est à vous que je voulais parler, Colonel. Quand je suis arrivée, je vous ai entendu vous moquer des princes, et je voulais vous dire que les princes n’ont rien à regretter. C’est vrai qu’ils finissent en ermite, mais au moins ils ont connu l’Amour. Ce sentiment d’une extrême noblesse remplit leur cœur à jamais, et les comblera de bonheur.
- Ouuulaaa ! Ça c’est un discours que j’ai déjà entendu, et qui a le don de m’EXASPERER ! Et dis- moi ma petite, reprit le Colonel essayant de maîtriser son énervement, comment un vieux prince fripé et affamé peut-il être comblé de bonheur, hein ? D’autant que sa chère princesse, une fois devenue reine de sa fourmilière, a deux mille choses en tête, mais sûrement pas la préoccupation
de ce que devient son vieux prince…
- Vous ne pouvez pas comprendre, vous n’êtes qu’un soldat…, dit la petite princesse d’un ton méprisant. Mais sachez que les amoureux ne sont jamais totalement séparés. Ils pensent fort l’un à l’autre. Ils se voient en rêve. On dit même qu’ils parviennent à communiquer par transmission de pensées à plusieurs kilomillepattes de distance, et que…
- C’est ça, c’est ça … » Interrompit le Colonel « J’en ai un peu ASSEZ DE TES SORNETTES ! Sergent, aidez cette jeune princesse à rejoindre sa mère... Si vous voyez ce que je veux dire.
- Mais lâchez-moi…

Qwiiik

- Bien ! dit le Colonel, quittons cette fourmilière discrètement, et rejoignons nos soldats dehors. N’oubliez pas de sourire aimablement si vous croisez quelqu’un. »
Une fois sortis de la fourmilière, le Colonel ordonna à ses deux subalternes:
« Capitaine, Sergent, je vous charge de trouver une autre fourmilière où nous interrogerons la reine. Moi je vais me reposer. »
Capitaine profita du moment de fatigue du Colonel pour faire son petit-chef :
« Sergent, il faudra peut-être faire preuve d’un peu plus de diplomatie cette fois » dit le Capitaine. Déjà deux assassinats royaux c’est beaucoup… Il ne faudrait pas que les armées de toutes les fourmilières de la région se mettent à nos trousses pour se venger. »
Mais le Colonel avait entendu :
« Avez-vous peur Capitaine ? Si vous ne vous sentez pas à la hauteur de la mission suprême que m’a confiée notre puissante Reine-Mère, je peux mettre fin à votre participation… à ma façon évidemment ! Ah Ah !
- Non mon Colonel, vous savez bien que je vous suis parfaitement loyal. Mais ça fait déjà un mois
que nous cherchons partout, et je me demandais juste si la princesse Nana valait vraiment autant d’attention, de temps et d’énergie.
- Idiot dégénéré ! Je rappelle que la Reine-Mère m’a confié cette mission exclusive, secrète et ultra-prioritaire:
1) détecter la nouvelle fourmilière créée par Nana ;
2) tuer Nana et toute sa descendance, car c’est une honte insoutenable pour la famille royale que Nana ait fait entrer dans la famille une… m..., une mou…, une horrible mou… Oh c’est trop affreux, je ne peux pas me faire à l’idée d’un tel déshonneur causé par ce Nico…
Quant à l’objectif 3 de la mission, je me le réserve pour moi personnellement : tuer, étriper,
MASSACRER, ERADIQUER NICOOOOOO !!!
Et maintenant la ferme et en route ! Vous avez gâché ma sieste avec vos questions de chochotte. N’oubliez pas que, tout en faisant nos recherches, nous devons capturer et réduire à l’esclavage des araignées. Au moins une cinquantaine… »


2 ReiNana


A quelques centaines de millepattes de là, une heureuse insouciance régnait dans la nouvelle colonie fondée par la princesse Nana, qui se faisait appeler désormais ReiNana.



Astucieusement camouflée sous les arbustes, ReiNana avait bien travaillé : sa fourmilière était déjà peuplée de 150 ouvrières, 10 militaires chapeautés par le Général Pagebouzille, jeune, fort, courageux, pugnace et loyal, ainsi que 3 larves princières… Enfin 4 si l’on compte la larve princière ratée, Deg : deux fois plus gros que les autres, très fripé et toujours sale. Car contrairement aux larves bien élevées qui restaient sagement dans le palais royal, Deg passait son temps à vadrouiller, farfouiller, gigoter. Il aimait particulièrement fouiner dans les poubelles du palais… Certaines mauvaises antennes racontaient même qu’on l’avait vu se régaler au milieu des toilettes de la fourmilière, aspirant les crottes avec délice…
Prof avait avoué son incapacité à maîtriser la vilaine grosse larve, et avait même proposé plusieurs fois sa démission à ReiNana. Mais celle-ci répondait toujours :
« Ce sont tous mes chers petits bébés. Mes premiers princes et princesses. Quoi qu’ils fassent je veux qu’ils soient toujours assurés de mon Amour. C’est cela ma mission la plus précieuse sur terre : transmettre l’héritage de mes ancêtres, apprendre à mes petits à ressentir l’Amour. Ce n’est
que comme cela qu’ils comprendront ensuite comment créer une véritable harmonie au sein de leur propre fourmilière.
Prof, ne vous inquiétez pas. Laissez Deg s’épanouir à sa façon. C’est vrai qu’il est laid à faire peur et qu’il sent mauvais, mais je tiens à lui donner sa chance comme aux autres : mes chers Bogoss, Livrette et Musclette. Oh, il me tarde tant qu’ils quittent leurs larves et déploient leurs ailes fièrement. Au fait leur avez-vous déjà fait la leçon sur le décollage et les dangers du décollage ?
- Heu, non répondit Prof un peu gêné, mais justement j’allais le faire la semaine prochaine. Toutefois, sans vous offenser, ô ma Reine, j’ai le sentiment qu’ils sont encore trop jeunes,
beaucoup trop infantiles pour comprendre tout l’intérêt de cette leçon.
- Ce n’est pas grave, faites-le dès aujourd’hui, c’est tellement important.»

Un peu plus tard dans la journée, à l’école royale.

« Aujourd’hui nous parlerons des dangers du décollage, dit Prof. C’est un grand moment dans la vie royale, mais il faut que vous ayez à l’esprit que lorsque vous vous envolerez, vous risquez de vous faire prendre dans une toile d’araignée, de vous faire gober par des oiseaux, ou pire encore, vous faire attraper par des humains cruels qui vous arracheront les ailes et les pattes, juste pour se divertir. Il y a une petite fille qui habite pas très loin d’ici, Rosybel, qui est particulièrement cruelle avec les animaux. Je ne souhaite à personne de la rencontrer !
C’est pourquoi vous devrez apprendre à repérer les dangers et à vous servir de votre venin. Là
c’est un peu tôt puisque vous n’êtes encore que des larves, mais nous en reparlerons en temps utile.
- Mais où va-t-on atterrir après le décollage ? » demande Livrette, l’air très studieux.
- Ah, c’est une très bonne question, comme d’habitude Livrette. Tu sais, c’est le hasard de la vie : certains vont atterrir sur une terre fertile en bon gros vers de terre, et auront facilement de quoi nourrir leur future colonie. D’autres vont bêtement se noyer dans une piscine javellisée. Ou encore…
- En tout cas, moi je sais où va atterrir Deg… interrompit Bogoss. Dans une grosse merde de chien ! C’est son plat préféré !!! »
Toute la classe explose de rire. Même Prof ne résiste pas à la blague. Il se réfrène, mais une larme
de rire se forme au coin de son œil.
Deg, lui, a compris que ça va recommencer, les moqueries sans fin, les sarcasmes de Bogoss, le
« fier et musclé, garanti sans bourrelets » Bogoss !
Deg décide de quitter la classe. Il se traîne péniblement, l’air abattu.
« Laissez place au grand Deg l’as du pilotage !!! » criait Bogoss fier d’orchestrer la risée générale.


3 Le ciel est toilé


« Merci beaucoup pour cette information, vieux nem ailé ! » dit le Colonel en imitant l’accent chinois. « Ce sera votre honorable contribution à la chute de ReiNana… Ah Ah Ah ! Est-ce que je lui transmets un gentil message de votre part ?
- Gardez-le donc pour vous mon message ! » dit le vieil ermite, ancien prince de la colonie Xiexie. Puis il décocha une série violente de coups de poings et de pieds dignes des maîtres de karaté.
Sergent qui se tenait un peu plus loin, s’arrêta de mâchouiller le bébé ver de terre qu’il avait trouvé dans les réserves de l’ermite. Surpris par la rapidité du vieux prince, Sergent ouvrait de grands yeux incrédules, devant lesquels ondulait la queue du petit ver.
Légèrement sonné, mais surtout vexé de s’être laissé surprendre, le Colonel se sentait ridicule ainsi couché sur le dos, à agiter toutes ses pattes comme un bébé, pour tenter de se relever.

Quand enfin il y parvint, il prit son élan et se jeta sur l’ermite avec un cri épouvantable accompagné d’un gargouillis ridicule, comme s’il avait une envie pressante d’aller aux toilettes. Cela ne fit pas rire le vieux prince qui savait que c’était le bruit de la montée du venin… Il tenta de se protéger la tête, mais déjà le Colonel vomissait à grand jet son venin qu’il pulvérisa précisément dans les yeux de son adversaire.
Sans même reprendre son souffle, le Colonel ordonna : « COUPEZ-LUI LES AILES, CAPITAINE !!! »
Quelques secondes après, les yeux crevés par l’acide du venin, les moignons sanguinolents, pris de convulsions, le vieux prince ermite gémissait sur le sol.
« J’ai oublié de te demander, lança le Colonel en ricanant, ça fait quoi d’être comblé d’Amour et de bonheur? Ah, Ah, Ah !
- Je peux l’achever ? demanda Sergent après avoir aspiré comme un spaghetti la queue du petit
ver.
- Laissez-le plutôt mourir petit à petit, dans d’atroces souffrances. Ça lui apprendra à me défier, répondit le Colonel avec dédain.
Capitaine, rassemblez les araignées-esclaves, je vais leur parler.
Sergent, aidez-moi à recoiffer un petit peu mes antennes, lisser mes poils, et astiquer ma cuirasse. Aujourd’hui est un grand jour : grâce aux informations de ce vieux prince ermite, nous savons enfin où se trouve la fourmilière de Nana ! »
Chaque araignée a un point faible situé juste derrière la tête. C’est précisément là que les fourmis viennent se positionner, plantant leurs mandibules dans la chair ultrasensible de la féroce araignée qui se transforme immédiatement en gentil toutou obéissant: quand la mandibule s’enfonce un peu dans le côté droit, l’araignée tourne à droite. Quand les deux mandibules se serrent ensemble, l’araignée ralentit et s’arrête.
A la vue du noir luisant de l’imposante carapace du Colonel, les fourmis-pilotes juchées sur le dos des araignées enfoncèrent leurs mandibules dans la nuque molle de leurs montures, avec un léger mouvement vers l’avant. Les grosses velues plièrent immédiatement leurs pattes de devant et posèrent la tête sur le sol, en guise de révérence.

« Relevez-vous, relevez-vous mes chères amies ! Vous le savez, je ne vous veux que du bien ! Loin de moi le souhait de vous humilier ; au contraire je vais bientôt vous servir un bon repas! Vous n’avez rien mangé depuis plusieurs semaines, et je sais que c’est difficile. Mais vous serez bientôt rassasiées, et surtout libérées ! Tout ce que je vous demande, c’est de tisser une toile pour moi. Rien de difficile, hein ? Aujourd’hui même, je vais vous montrer l’endroit où vous devrez tisser. Mais attention, je veux une immense toile, et surtout il faut que vous fassiez preuve d’une extrême discrétion. Vous vous positionnerez dans les arbustes, à quarante millepattes au-dessus du sol, et vous tisserez toutes ensemble une toile en forme de cloche, de cinquante millepattes de diamètre, qui descendra au ras du sol. Ensuite, vous n’aurez plus qu’à attendre la livraison de vos repas. Je vous promets qu’ils seront dodus, princiers et peut-être même royaux !
Ne me remerciez pas… Oh, j’oubliais, les araignées sont muettes, désolé…
SURTOUT ! Surtout, surtout ne me décevez pas… Vous savez comme l’acide de notre venin abime vos jolies nuques sensibles. Ce serait tellement idiot d’en arriver là…
- ﺕ? ڎ ʯඌ ෙ◌ොﺫ?ٺ ǏǑ╫ En frottant l’une contre l’autre ses deux pattes arrières, la chef des araignées répondit dans sa langue (que les fourmis ne comprenaient pas) : « espèce d’abruti on vous tuera juste après notre festin royal ». Mais elle hocha la tête pour que le Colonel puisse croire que l’ensemble des araignées était d’accord pour faire ce qu’il demandait.
« Parfait. Vous tisserez donc jour et nuit, sans aucune pause, juste au-dessus d’une fourmilière, mais assez haut pour que personne de la colonie ne s’en aperçoive. Petit détail : faites attention à ne pas tomber sur la fourmilière, car nos chères sœurs risqueraient fort de vous dévorer. On m’a parlé du chef militaire de cette fourmilière, le Général Pagebouzille : il paraît qu’il n’a aucun sens de l’humour… Il est incapable d’avoir le moindre sentiment ni affectueux, ni coléreux.
- Il porte bien son nom alors, hein Colonel ?
- plaît-il Sergent ? Encore une de vos questions stupides ?
- Euh, non… petit jeu de mot, Colonel : « Je ne râle pas je bousille ». Mais bon, c’était juste comme ça, pour mettre un peu d’ambiance.
- Ah oui !!! Excellent ! Superbe Sergent… J’adore ce jeu de mot ! Ah, Ah ! Encore un comme ça et je vous nomme Capitaine !
- Mais mon Colonel ! » s’écria Capitaine avant de se réfréner et de baisser les yeux pour contenir sa colère.
« Mais mon Colonel ! » imita le Colonel en prenant la voix du Capitaine, pour l’humilier publiquement, « si Sergent devient Capitaine, qu’est-ce que je deviens, moi ? »
Le Colonel reprit sa voix normale pour conclure : « Et bien, Capitaine, tu REdeviendras simple sergent, j’en ai peur… »
Capitaine rongeait son frein. Il marmonnait : «C’est injuste ! En plus il était nul ce jeu de
mot ! » Dans un élan de colère, Capitaine se rua sur une araignée qui avait un peu bougé sans autorisation, et lui sectionna une patte, d’un coup de mandibule.

4 Nounou pas d’chez nous


« Plus vite ! Tu as entendu le Colonel ? Tu auras ton repas plus tard ! Tu dois tisser ta partie de toile ! Je te préviens, si tu ne t’actives pas un peu, tu vas avoir encore droit à une giclée de venin dans la nuque… »
La plus petite des araignées-esclaves, n’en peut plus. Sans manger ni boire depuis plusieurs
semaines, elle ne sent plus aucune force dans ses pattes. Elle regarde en bas, le vide, puis la fourmilière, et le vertige la prend.
Sentant que la petite araignée commence à lâcher la feuille de l’arbuste où elle était accrochée, sa fourmi-pilote lui injecte une nouvelle dose de venin. «Ça, ça va te réveiller, petite rebelle ! »
Mais la petite velue n’avait même plus la force de réagir. Elle lâcha sa dernière prise, et tomba avec sa fourmi-pilote, pile sur le dôme de la fourmilière.
Les trois jeunes militaires qui assuraient la garde du dôme ce jour-là n’avaient encore jamais connu d’attaque ennemie. Tout ce qu’ils avaient fait, c’était des exercices d’entrainement. Mais ils étaient enthousiastes et prêts à combattre n’importe qui.
Dès le bruit de la chute de l’araignée, ils se répartirent les rôles sans aucune hésitation, comme s’ils avaient fait ça des centaines de fois auparavant: l’un d’eux partit prévenir le Général et chercher du renfort ; le deuxième inspecta les environs immédiats pour voir si d’autres ennemis risquaient d’arriver ; et le troisième se jeta sur l’araignée pour la saisir par la nuque… Mais elle ne bougeait plus du tout. Il descendit de l’araignée et alla inspecter le dôme.
Il ne tarda pas à découvrir la fourmi-pilote et constata qu’elle était étrangère à la colonie.
« Un espion !» hurla-t-il au Général Pagebouzille qui arrivait en courant.
- Et l’araignée, dit le Général, il faut la neutraliser, vous voyez bien que c’est elle le plus grand danger !
- pas de problème chef, elle est morte.
- Tu es sûr ? Je vous ai appris que les araignées font toujours semblant d’être mortes quand elles sont en danger.
- Oui, j’ai bien vérifié » dit le soldat tout fier de lui.
Alors que Pagebouzille et ses soldats tentent de réveiller l’espion ennemi, ils ne voient pas, dans leurs dos, l’araignée se lever et s’approcher. Elle se dresse sur ses pattes de derrière, en position de combat, entrouvre ses crochets à venin et fond sur le groupe de fourmis.

Alerté par les vibrations du sol, Pagebouzille a juste le temps de se jeter sur le côté en criant
« attention !» Mais l’araignée a choisi sa cible et abat ses crochets dans l’abdomen… de la fourmi- pilote couchée sur le sol.
N‘écoutant que son courage, Pagebouzille court vers l’araignée, avec la ferme intention de monter sur son dos et de se hisser jusqu’à sa nuque. Mais Nounou se retourne et fixe Pagebouzille du regard. Elle ne voulait pas se battre, et pour le montrer au Général, elle plia ses pattes de devant, et colla sa tête sur le sol en guise de révérence. Pagebouzille demanda à ses soldats de ne plus
bouger. Il s’approcha de l’araignée, et lui dit :
« Tu ne veux pas nous piquer ? Tu voulais te venger de ce pilote ? Il était trop cruel ? » L’araignée étant muette, hocha la tête pour acquiescer.
« Qu’on apporte à boire à cette araignée, et à manger l’une des sauterelles capturée ce matin par les ouvrières. Je vais peut-être pouvoir passer un marché avec elle. »
Quelques minutes plus tard, la dizaine de militaires de la colonie encercle l’araignée sur le dôme de la fourmilière. Elle n’y prête aucune attention. Tout ce qu’elle veut c’est manger et boire. Elle injecte son venin dans le corps de la sauterelle, et n’attend même pas qu’il liquéfie la chair de l’insecte pour commencer à manger. Elle a trop faim !
Le Général Pagebouzille revint sur le dôme et demanda à ses soldats de s’écarter un peu de l’araignée. Il était accompagné par Prof. Celui-ci s’adressa à l’araignée dont les mandibules s’acharnaient sous la peau presque vide de la sauterelle. Il prit un ton très solennel :
« Araignée, nous avons réfléchi avec le Général ici présent, et pensons que si tu repars dans la forêt, tu risques fort d’être pourchassée par les collègues de la fourmi-pilote qui te contrôlait, et tu seras torturée et tuée. Notre bien-aimée ReiNana a pour devise de mettre fin à la violence, à la torture et au meurtre. Aussi, elle est d’accord pour te tendre la patte, et te proposer d’intégrer notre petite colonie. Nous ne sommes pas très nombreux, et nous manquons de main d’œuvre. Si notre proposition de paix te convient et que tu promets de respecter l’harmonie de notre fourmilière, nous te formerons au poste d’Assistante maternelle. Grâce à tes huit pattes tu devrais pouvoir t’occuper de plusieurs larves en même temps. Avec tes fils de soie, tu devrais pouvoir leur tricoter des petits pull-overs bien douillets. Qu’en penses-tu ? »
L’araignée n’en croyait pas ses oreilles. Elle nettoya rapidement ses pattes de devant pour enlever les bouts de chair collés sur ses poils, et fit une nouvelle révérence particulièrement appuyée.
« Donc c’est d’accord ! Intervint le Général. Il faudrait donner un prénom à cette nouvelle recrue. Qui a une idée à proposer ?
- Je propose « Nounou », dit Prof.
Aussitôt l’araignée commença à onduler et danser en sautant de ses pattes droites sur ses pattes gauches. Elle enchaina frénétiquement plusieurs révérences. Ses yeux brillaient.
« On dirait que ça te plaît tout ça ! Allez, suis-moi Nounou, je vais te faire visiter la fourmilière. »

Une dizaine de jours plus tard, pendant la réunion du Conseil royal.

« Général, votre idée de recruter Nounou a été excellente, je vous félicite ! dit Prof devant ReiNana. Non seulement elle accomplit le travail de plusieurs ouvrières en même temps, mais en plus elle est très affectueuse. Pour endormir les larves agitées, Nounou leur masse doucement le milieu du front. Elle peut en calmer 6 en même temps ! C’est une performance. Et puis elle fait une douce musique en frottant les poils de ses pattes les uns contre les autres. C’est charmant. Deg a noué amitié avec elle. Comme ils sont tous deux différents des autres, ils se comprennent bien je crois. Les araignées sont muettes, mais elles ressentent très bien les vibrations. Aussi, elles parlent entre elles en frottant leurs poils pour les faire vibrer. Elles font comme un code : des petits frottements, puis des longs, des forts, des doux. C’est un étrange langage, mais il semble que Deg le comprenne...
- C’est merveilleux, Prof ! S’exclama ReiNana. C’est ça l’harmonie, quand des êtres si différents que tout oppose, se parlent et deviennent amis.
- Ce qui est moins harmonieux, si je puis me permettre, ô ma Reine, c’est que Bogoss, Livrette et
Musclette ont déjà quitté leur larve et se préparent au grand jour du décollage, mais Deg, lui, est
toujours plus gras et fripé dans sa peau de larve, il a une haleine de punaise… dit le Général. Je crains fort que Deg soit en train de pourrir de l’intérieur…
- Mais non, allons, ne vous inquiétez pas Général, Deg est différent, c’est tout. Il a besoin d’un peu
plus de temps que les autres.
Mes chers conseillers, il est temps d’organiser le premier grand décollage au sein de notre colonie. Général, allez consulter le vieux sage escargot pour connaître la météo de demain.
Prof, dites à Bogoss, Livrette et Musclette de se préparer. »

5 Décollage et collage


Le lendemain, à l’heure fixée par Pagebouzille, la famille royale rejoignit le dôme de la fourmilière, sous les acclamations des ouvrières autorisées à faire une pause exceptionnelle.
Les militaires étaient tendus. On aurait dit qu’ils soupçonnaient toujours le pire. Pourtant ReiNana les illuminait de son royal sourire bienveillant et radieux, et les rassurait par son discours où les souhaits de bonheur, d’amour et d’harmonie fusaient en tous sens.
« Pour conclure, mes chers petits devenus grands, je voudrais que nous ayons une pensée pour votre frère Deg qui est resté dans le palais royal. Il n’est pas avec vous, mais c’est uniquement parce que les larves ne doivent pas se mettre à découvert. Vous savez qu’il vous accompagne par la pensée. Bientôt il s’envolera à son tour, et je souhaite que les cœurs nobles qui sont les vôtres lui réservent toujours un accueil fraternel au sein de vos futures colonies.
Quant à moi, je vous aime, et vous aimerai toujours. Bonne chance ! »
Alors que Livrette tente de sécher ses larmes, Bogoss et Musclette font déjà vrombir leurs ailes. Les militaires ancrent leurs griffes dans le sol pour résister au souffle produit par les battements d’ailes.
Juché sur la plus haute brindille du dôme, Pagebouzille inspecte une dernière fois le ciel et les
environs, puis tend vigoureusement ses quatre bras vers le haut, signe de l’autorisation de décollage. Aussitôt nos trois héros conquérants s’élancent avec des cris de joie et de peur en même temps : « Wouaaaa ! Ça marche ! C’est trop géant ! Diiingue ! Le pied !!! »
Bogoss ne résiste pas au plaisir de se faire remarquer en fonçant en piqué vers le dôme, pour impressionner le public. Il frôle Pagebouzille qui reste totalement impassible, alors que les ouvrières, elles, poussent, toutes ensemble, un cri d’admiration… Aaaaahhmmm !
Après quelques secondes, les trois heureux élus s’élèvent et quittent le champ de vision de la colonie. Leurs cris de joie ne sont plus perceptibles.

« Il faut rentrer, ô ma Reine, dit le Général, c’est trop risqué ici. » Pagebouzille ne croyait pas si bien dire…
Quarante millepattes au-dessus de la fourmilière, un drame se produisait.
« Aouw ! Mais qu’est-ce que c’est ! Je suis collé ! Aïe ! Attention les filles ! crie Bogoss. Mais trop tard !
- Au secours !! Je suis coincée, crie Musclette un peu plus loin.
- A l’aide !! Je n’arrive plus à bouger ! Bogoss ? Musclette ? Vous êtes en vie ? demande Livrette.
- Oui, ça va, mais je crois que nous sommes pris dans une toile d’araignée, répond Musclette. C’est fou je n’ai rien vu venir ! C’est la catastrophe !
Souvenez-vous, Prof nous a bien prévenus, on ne peut pas s’en sortir tout seul. Il faut appeler du secours. Faisons vrombir nos ailes tous les trois en même temps, au rythme du code du S.O.S. : 3 coups courts, 3 coups longs, 3 coups courts, 3 coups longs…
- Ok allons-y !
Bzzz, Bzzz, Bzzz, bzzzzzzz, bzzzzzzz, bzzzzzzz - Bzzz, Bzzz, Bzzz, bzzzzzzz, bzzzzzzz, bzzzzzzz »
Réveillée de sa sieste par les vibrations, une vieille araignée amaigrie et affaiblie par la faim sortit de sous une feuille d’arbuste. Son regard hagard se changea instantanément en regard de tueuse. Elle commença à avancer vers nos trois héros.
« Arrêtez les vibrations !! s’écria Bogoss en voyant l’araignée s’avancer. Surtout ne bougez plus ! Puis il chuchota : Il y a un énorme problème noir et velu qui s’approche !
- Je ne vois rien, cria Livrette, j’ai les yeux collés sur la toile, je ne peux pas tourner la tête.
- J’en vois une deuxième, au-dessus de moi, cria Musclette.

- Mais qui c’est qui bouge comme ça ? demanda Livrette.
- C’est moi, je crois que je vais réussir à me détacher. Il faut que je me détache ! Il faut que je me détache ! Il fAUT QUE JE ME DETACHE ! Elle arrive ! MAAMAAAAN, à moi ! Au secours !
NOOOOOONNN !
Un bruit de choc retentit.
Musclette reconnu le bruit d’une carapace que l’on fracasse.
- Livrette, je t’en supplie, trouve une idée géniale. On va tous y passer. J’en vois une troisième, non, une quatrième qui se réveille. Attends, elles sont au moins dix !!! Surtout ne fait aucun mouvement !
- J’ai une idée Musclette ! Nos antennes ! Il faut utiliser nos antennes pour appeler au secours !
- Mais nous sommes beaucoup trop loin de la fourmilière pour que quelqu’un entende !
- Pense fort à l’amour de Maman ! Pense de toutes tes forces !!

A quelques dizaines de millepattes de là, près du sol…

« Il faut prévenir le Colonel ! s’exclama une fourmi-pilote qui descendait verticalement avec son araignée tenue par un long fil. Trois prince et princesses ont été capturés en haut de la toile.
- Parfait, parfait, dit calmement le Colonel dont on ne savait jamais s’il dormait ou pas pendant sa sieste. J’ai tout entendu... Capitaine, rassemblez les troupes, nous allons passer à l’attaque finale. Nous allons prendre d’assaut la fourmilière de Nana.
- Mais nous n’avons que quelques dizaines de soldats dans notre commando. La fourmilière est
toute petite, mais ils sont plus nombreux que nous.
- Très juste Capitaine, mais les princes sont partis, il n’y a plus grand monde pour nous tenir tête, et l’effet de surprise jouera pour nous.
- A vos ordres, Colonel ! »

Au même instant, au sommet de la fourmilière…

Alors qu’elle finit de recevoir les félicitations des ouvrières pour le parfait décollage des prince et princesses, ReiNana ressentit une sensation bizarre. Elle s’arrêta. Appela Pagebouzille.
« Général, il y a un problème !
- Quel problème, ô ma Reine ?
- Livrette, Musclette ! Elles sont en danger ! Répondit ReiNana le souffle court.
- Mais… Ma Reine… dit Pagebouzille.
- Pas de temps à perdre ! Je vole à leur secours. Je crains une attaque. Sonnez l’alarme ! Que chacun soit à son poste de combat. »
Le vrombissement énorme du décollage de l’imposante ReiNana retentit jusqu’aux oreilles du
Colonel.
« Oh ! Le ciel est avec nous ! La fourmilière reste sans sa reine. Quelle chance… Ce combat va être un jeu de larve. Ah, Ah. Sonnez la charge Capitaine. Un seul mot d’ordre : TUEZ LES TOUS !!! »
Assourdie par les vibrations de ses propres ailes, ReiNana n’entendit même pas les hurlements du commando du Colonel passant à l’attaque.
La reine avait peur, et pensa que le seul qui pouvait l’aider était Nico, son beau Roi, son tendre amour. Où était-il ? Que faisait-il ? Elle lui adressa une prière particulièrement intense : « Nico, si tu m’entends, viens à mon aide, toi qui voles plus vite que le vent ! »
Lancée à vive allure pour secourir ses petits, Reinana crut se rompre le cou lorsqu’elle s’écrasa à son tour dans la toile d’araignée. Quand elle reprit ses esprits, elle comprit immédiatement le piège qui avait été tendu : une toile si immense, si haut perchée, c’était tout à fait anormal.
L’onde de choc de son crash dans la toile n’était certainement pas passée inaperçue. Des araignées viendraient bientôt s’en prendre à elle.
Elle appela et chercha des yeux Bogoss, Musclette et Livrette. Au loin elle apercevait des sortes de
taches sombres qui grouillaient dans tous les sens. Les vibrations qui arrivaient jusqu’à ses pattes collées à la toile laissaient penser que les araignées se battaient entre elles.
Ce qu’ignorait ReiNana, c’est qu’elles se battaient parce qu’elles avaient faim et qu’elles voulaient toutes dévorer les cadavres de Bogoss, Livrette et Musclette…
ReiNana décida d’émettre avec ses antennes un signal de détresse spécial destiné à Nico, d’une puissance extraordinaire grâce à la force de son Amour.

6 DarkMouch



Nico était occupé à suçouiller doucement un champignon, près de son ermitage, à la pointe d’Aozu, à quelques milliers de millepattes de la fourmilière de Nana.
Tout à coup lui vint une idée bizarre : et si quelqu’un voulait faire du mal, voire torturer sa Nana chérie. « Quelle drôle d’idée ! se dit-il. J’ai dû trop manger de champignon. Je vais m’allonger pour une petite sieste. »
C’est ainsi que Nico alla se coucher tranquillement. Il s’endormit aussitôt.
Quelques minutes plus tard, il se réveilla en sursaut, en sueur. Il se leva précipitamment, saisit son casque noir et fit un tour sur lui-même, comme un patineur artistique. Ses idées s’étaient enfin éclaircies. Sa décision était prise. Son regard devint noir. Nico s’était transformé en DarkMouch le guerrier volant, plein de colère.
Armé de son seul courage, et guidé par son seul instinct, Il décolla comme un bouchon de champagne, dans un bzzzzz à faire friser les poils d’une chenille.
Il évita de justesse la collision avec un papillon qui voletait gentiment :
« Dégage de là cul-de-mite ! Cria DarkMouch
- Eeh ! Ça va pas ? Mais quelle mouche l’a piquée celui-là ? » hurla le papillon.
Les ondes émises par ReiNana étaient si fortes que même sans antenne, DarkMouch les ressentait. Chaque petit poil de son corps servait de mini-antenne de réception.
Il arriva très vite en vue de sa chère Nana, qui semblait flotter sur place, dans une drôle de position. Pressentant le danger, DarkMouch ralentit et prit le temps de bien observer les environs. L’air était fendu par des centaines de petits rayons de soleil furtifs et tout à fait anormaux. DarkMouch s’approcha avec prudence et comprit que ces rayons n’étaient que des reflets du soleil sur des fils de toile d’araignée. Son cerveau envoya un énorme signal d’alarme et commanda à tous ces muscles de fuir. Mais DarkMouch n’en fit rien. Son amour pour Nana était plus fort !
Il appela sa belle. Nana était à l’intérieur de la cloche de toile d’araignée, et DarkMouch à l’extérieur.
« Approche-toi très doucement mon beau Nico, lui cria Nana, et surtout ne regarde que moi. »
DarkMouch ne quittait pas Nana des yeux. C’était très très risqué de s’approcher: il savait que s’il faisait un faux mouvement, ou si le vent le poussait un peu fort, il pouvait rester collé à son tour. Il savait aussi que si son regard se posait sur une araignée, sa peur-panique serait trop forte, le paralyserait instantanément et qu’il tomberait comme une pierre.
Avec courage, il essaya de tirer Nana pour lui faire traverser la toile, mais sans succès. De plus, tous leurs mouvements étaient perçus par les araignées qui ne tardèrent pas à se mettre en route vers eux, laissant les carapaces vides de Bogoss, Livrette et Musclette.
Apercevant enfin les trois carapaces, Nana compris que ses bébés avaient été dévorés. Elle sentit le désespoir s’abattre définitivement sur elle.
Puis dans un sursaut de courage, elle dit à DarkMouch : « Mon héros, je dois te confier un secret :
j’attends un enfant de toi ! »
DarkMouch retira son casque et montra le visage de Nico pris d’un air ahuri. Il regarda le ventre de
Nana :
« Mais ton ventritchkou est tout mince, ma Nana. Tu délires sûrement !?
- Mon gros nigaud, j’attends que notre enfant sorte de sa larve ! Il s’appelle Deg, vas vite le rejoindre à la fourmilière, dans la chambre royale, il est resté seul là-bas. Sauve-le !
- Mais les araignées ?! Je ne peux pas te laisser là toute seule, elles arrivent…
- Nous ne pouvons plus rien faire, mon tendre amour, mes enfants sont morts, laisse-moi les rejoindre dans la mort. Ne t’inquiète pas, je mourrai avec la dignité d’une reine, et leur montrerai ce que c’est que le venin royal à ces araignées... Elles vont le payer cher leur repas ! »
Nico embrassa tendrement une dernière fois celle qui resterait à jamais sa bien-aimée. Puis il remit son casque, fit un tour sur lui-même, et DarkMouch fonça en héros vers la fourmilière.
Il longea la toile jusqu’au sol où il trouva un passage pour rejoindre la fourmilière.
En arrivant, il comprit tout de suite que le combat au corps à corps ne laissait aucune chance à la colonie de ReiNana. Seul Pagebouzille résistait au commando bien entraîné du Colonel. Le courageux Général évinça le Sergent puis bousilla le Capitaine ; mais pendant ce temps-là, les soldats ennemis éradiquaient toutes les pauvres ouvrières de ReiNana. Quant au Colonel, il ne faisait qu’une bouchée des jeunes soldats de Pagebouzille.
Au milieu des combats qui faisaient rage, DarkMouch se faufila dans les galeries pour rejoindre le palais royal. A peine entré dans la chambre royale, DarkMouch reçu un énorme coup de queue de larve sur la tête. Heureusement son casque le protégeait. Il se retourna et agrippa la queue de la larve qui tentait de s’échapper et hurlait « NououNououou au secououours !!
- Est-ce toi Deg ? dit DarkMouch.
- Comment connais-tu mon nom ignoble étranger ? » dit Deg en se retournant.
DarkMouch le cœur serré par l’émotion, le souffle court, la voix éraillée, lui répondit :
« Je suis ton père. DarkMouch, Nico, pour les intimes… Ta mère a été dévorée par des araignées. Elle m’a demandé…

- Nooonnnn !!! » cria Deg en s’enfuyant.
C’est à ce moment-là que les longues pattes poilues de Nounou vinrent s’interposer entre Deg et son père. Celui-ci reconnut immédiatement la forme des pattes d’araignée. Son cerveau de mouche lança en tous sens des messages d’alerte. DarkMouch voulait crier « Deg, sauve-toi, c’est une araignée !! », mais il ne pouvait même plus parler. La peur-panique qu’ont toutes les mouches à la vue d’une araignée, avait paralysé ses membres et tous ces muscles. Un réflexe ancestral qui a sauvé plus d’une mouche, car les araignées se repèrent aux vibrations. Si tu bouges, si tu parles, elles te repèrent et t’attaquent.
Le Colonel, lui n’était pas tétanisé du tout. Au contraire, ses forces étaient décuplées par l’excitation de la guerre et par la victoire si proche. Il entra dans la chambre royale avec la ferme intention de tuer tout ce qui s’y trouvait : prince, larves sans défense, et même simples petits œufs. A peine vit-il l’araignée qu’il fit un saut de ninja et lui grimpa sur le dos. En deux temps, trois mouvements, il neutralisa Nounou en lui plantant ses mandibules dans la nuque. Pour être certain qu’elle ne bougerait plus, il lui injecta une bonne dose de venin.
Les pattes de Nounou se crispèrent de douleur et relâchèrent Deg. Celui-ci tenta un coup de queue
latéral pour déstabiliser le Colonel. Mais, avec un sourire au coin des lèvres, le Colonel bloqua de ses pattes droites le coup un peu trop prévisible, et vomit à la face du pauvre Deg un venin tellement puissant que la larve se jeta en arrière de douleur, se recroquevilla comme un accordéon, et commença à se tordre brusquement.
Pendant que Deg convulsait sur le sol en petits sauts accompagnés de cris plaintifs, le Colonel s’approcha de DarkMouch. Tétanisé par la peur panique de l’araignée, le héros était impuissant. Il inspirait la pitié… Sauf au Colonel bien sûr, qui, au contraire, exultait de joie.
« Je les ai tous eus ! Tous ! JE SUIS LE MAITRE !!! »
Deg avait cessé de convulser. Il gisait immobile.
D’un geste sec, le Colonel arracha son casque noir à DarkMouch :
« Nico !! Comme on se retrouve !!! Cette fois je ne te laisserai aucune chance.»
Il ouvrit grand ses mandibules baveuses et toutes tâchées du sang de ses précédentes victimes, et les positionna délicatement autour du cou de Nico :
« Une dernière volonté peut-être, pauvre héros tremblotant ?
- Oui, ma dernière volonté c’est que tu regardes derrière toi, répondit calmement Nico. »
Le Colonel n’eut même pas le temps de finir de se retourner. Le coup d’aile que lui assena Deg-la- mouche l’aveugla. Deg enchaîna par une clé-multiple aux quatre bras du Colonel, tout en continuant à lui assener des baffes ultrarapides sur la tête avec ses ailes toutes neuves :
« A ce que c’est bon de ne plus être une larve ! Mer-ci Co-lo-nel d’a-voir fait fon-dre la peau de ma
lar-ve avec votre ve-nin » martelait Deg en accompagnant chaque syllabe d’une torgnole sur la tête du Colonel.

Entrant dans la chambre royale, Pagebouzille faillit tomber en glissant sur la peau visqueuse de l’ancienne larve puante de Deg, qui trainait sur le sol. Voyant les ailes toutes neuves, couleur cristal bleuté de la mouche qui violentait le Colonel, il comprit tout de suite. Il ordonna :
« Deg, lâche-le, je m’en occupe. »
Il injecta une dose de venin paralysant dans l’abdomen du Colonel, et arracha d’un coup de mandibule la poche de venin du féroce ennemi qui, à présent, ressemblait plutôt à un chewing- gum un peu trop mâché…
Pagebouzille se précipita ensuite sur chaque porte de la chambre royale pour les verrouiller :
« Toutes nos troupes sont mortes, expliqua Pagebouzille essoufflé. Il ne reste que vous, Nounou et moi. Le commando du Colonel ne va pas tarder à venir ici pour tenter de le délivrer».
Le général attrapa sur la table une bouteille en pensant qu’elle contenait de l’eau, et la bue d’une
traite.
« Excusez-moi mon général, mais vous venez de flinguer ma réserve personnelle de vomi de puceron ! Dit Deg un brin amusé. En plus c’était du costaud celui-là ; réservé aux grosses larves royales !
- Je me disais aussi… Oqckqc ! Bizarre ce goût … Je vais m’assoir un petit peu je crois. »
Progressivement le général Pagebouzille fut pris de tics nerveux. Il se mit à faire rouler ses yeux vers le haut et à chantonner… Cela ne lui ressemblait vraiment pas.
« Oula, tout d’un coup je me sens cool comme une chenille, et surexcité comme une puce » dit Pagebouzille dans un ricanement interrompu par un sursaut de son épaule droite contre son oreille.
« Quelqu’un pourrait-il mettre cette araignée dehors svp ? Je n’arrive toujours pas à bouger moi…
gémit DarkMouch.
- Oui, au fait, c’est vrai ça, Deg, comment se fait-il que tu ne sois pas tétanisé par la peur-panique des araignées. Tu es une mouche pourtant ? demande le général, entre deux hoquets.
- Il faut croire que j’ai aussi hérité de quelques gènes de fourmi grâce à ma mère, ReiNana… Et puis je l’aime beaucoup cette araignée. Nous sommes amis.
- Ami avec une araignée ? Mon propre fils ? Je fais un cauchemar… Réveillez-moi ! cria DarkMouch
de toutes ses forces.
- C’est ton paternel, lui ?! Demanda Pagebouzille d’un ton amusé. A oui, il y a un air de famille ; je veux dire une odeur de famille !
- Un peu de respect Général, c’est DarkMouch, le Roi ! Ordonna calmement Deg.
- le Roi des trouillards, oui ! Ajouta Pagebouzille en regardant DarkMouch droit dans les yeux pour le provoquer.
- Allons Père, essayez de bouger, vous n’allez pas supporter de vous faire insulter ainsi ! » Pagebouzille trouvait la situation cocasse. Il prit la patte inerte de Nounou et l’approcha de DarkMouch :
« Bouhh ! La vilaine bête, elle va te bouffer !!! »
Avec un râle de colère, DarkMouch tenta de bouger ses pattes… mais sans succès.
Le Général trouvait ce jeu très drôle. Il frotta la patte poilue de Nounou sur les petits bourrelets de
DarkMouch :
« Guili-guili, oh mais c’est qu’il a tellement peur qu’il va se faire pipi dessus le fier héros ! »
C’est à ce moment que Nounou se réveilla. D’un coup de sa grande patte, elle envoya valser
Pagebouzille à l’autre bout de la chambre. Elle s’approcha de DarkMouch.
« Nounou, je te présente mon père, le Roi DarkMouch, dit fièrement Deg. »
Nounou plia ses pattes de devant, et fit une révérence très appuyée pour montrer à DarkMouch qu’il était son maître. Ce dernier se décontracta instantanément.
« Merci, bonne Nounou ! Je me sens mieux à présent ! »
« Euh… je crois, moi aussi », marmonna Pagebouzille remis tant bien que mal sur ses pattes. Il secoua la tête vivement pour se dessoûler.
Alors qu’il reprenait son air sérieux habituel, un choc énorme se fit entendre contre la porte centrale de la chambre royale.
« Les soldats du Colonel ! Dit Pagebouzille. Il faut qu’on trouve un plan pour s’échapper, avant qu’ils ne défoncent la porte de la chambre.
- Vous êtes faits comme des vers, soupira péniblement le Colonel qui commençait à se remettre des effets du venin.
- Nounou, ligote le Colonel avec un fil de soie ! ordonna Pagebouzille.
- J’ai un plan ! dit Deg. Nounou, appuie-toi contre le pilier en bois de la chambre et envoie un message de détresse à toutes les araignées-esclaves ! Le bois de la chambre va faire caisse de résonnance, et avec un peu de chance l’une des araignées à l’extérieur de la fourmilière ressentira tes vibrations, et appellera les autres à notre rescousse.»
Nounou commença à frotter les poils de ses pattes en cadence.
Au bout de quelques minutes, on entendit en effet des mouvements des soldats du Colonel qui quittaient le palais royal pour aller se battre dehors contre les araignées.
Celles-ci étaient bien décidées à prendre leur revanche… Astucieusement, elles avançaient par
petits groupes de quatre, positionnées dos à dos, afin d’empêcher les fourmis de grimper jusqu’à leurs nuques. Chacune protégeait les arrières des 3 autres.
Face à ces drôles de trèfles à quatre feuilles et à 32 pattes, les fourmis n’avaient pas d’autre choix que d’affronter les terribles crochets venimeux des grosses velues… Ca changeait tout dans le rapport de force !
Les fourmis les plus hardies tentaient de sauter par-dessus les araignées, espérant atterrir directement sur l’un des quatre dos… Mais il y avait toujours une patte ou deux pour les stopper en plein vol.
Après avoir démonté pièce par pièce les cuirasses de toutes les fourmis du commando du Colonel, les araignées atteignirent la porte de la chambre royale. Nounou leur ouvrit prudemment et expliqua à la chef des araignées que Pagebouzille, Deg et DarkMouch étaient des amis.
En gage de son amitié, le Roi DarkMouch fit aux araignées un cadeau exceptionnel : un esclave… le
Colonel.

A peine sortis sur le dôme de la fourmilière, Deg demanda à DarkMouch :
« Père, apprenez-moi à voler, je veux tenter de sauver ma mère ! On peut peut-être encore la libérer de la toile d’araignée?
- Tu n’y penses pas Deg, c’est trop dangereux, tu vas te coller à la toile toi aussi, répondit
DarkMouch. »
De la tristesse plein la voix et le regard si lourd qu’il ne quittait plus le sol, DarkMouch ajouta :
« Et puis ReiNana était toute seule face à une dizaine d’araignées… Il ne doit plus rester grand- chose de son corps.
- Nounou, demanda Deg, je t’en supplie, grimpe là-haut et rapporte ce qu’il reste de ReiNana.»
Plus d’une heure après, Nounou redescendit, l’air triste. Elle apportait entre ses pattes de devant, la couronne royale. Elle fit comprendre à Deg que c’est tout ce qu’elle avait trouvé. Qu’il n’y avait pas le corps de ReiNana, mais qu’il y avait un gros trou dans la toile à la place… Probablement un oiseau qui l’avait achevée d’un coup de bec, et avait troué la toile …


CHOISIS TA FIN


Fin n°1

Quelques jours plus tard, après avoir débarrassé la fourmilière de tous les cadavres de fourmis, avoir remercié et salué toutes les araignées qui repartirent enfin libres, DarkMouch, Deg et Pagebouzille décidèrent de vivre ensemble en ermites.
Installé au soleil sur le dôme, au milieu du Roi et du Prince, Pagebouzille s’allongea et ressentit pour la première fois l’envie de sourire : « Ah ! pas de colonie à défendre, pas de jeune soldat à former… C’est sympa finalement la vie de célibataire ! »

Fin n°2

Décidé à venger Nana et toute son innocente colonie, DarkMouch enseigna comment voler à Deg qui devint un véritable as du pilotage.
A eux deux, à la façon d’un hélicoptère, ils allèrent prélever chez Rosybel quelques gouttes de poison anti-fourmi, à l’aide d’une feuille d’arbre qu’ils transportèrent et déposèrent près de l’entrée de la fourmilière de la Reine-Mère. Pagebouzille se déguisa en marchant ambulant, et fit auprès des ouvrières une opération de promotion de cet « excellent aliment pour larves royales »…
Quelques jours après, la Reine-Mère et toute sa colonie était décimées par le poison.

Fin n°3

Après avoir célébré ensemble la victoire, avec DarkMouch, Deg et Pagebouzille, toutes les araignées décidèrent de partir chacune vivre sa vie dans son coin, enfin libre. Enfin pas toutes : Nounou décida de rester auprès de Deg. En effet, ils étaient de plus en plus proches. Ils jouaient à
« Promenons-nous dans les bois tant que la grosse araignée n’y est pas » ou encore à « Torture- moi, je suis prisonnier de ta toile ! », et s’amusaient comme des petits fous.
Et puis un jour, Deg vint annoncer à son père :
« Tu sais, Père, je crois que je suis amoureux de Nounou. En fait non, je suis sûr que je l’aime. Je voudrais me marier avec elle. Je sais bien que tu es contre, mais je ne peux rien y faire, c’est plus fort que moi. Ne m’en veux pas, s’il te plaît, ne me rejette pas !
- Je m’en doutais, mon petit Deg… Je vous observe depuis quelques jours, et je vois bien que vous êtes faits l’un pour l’autre...
- Mais mon Roi ! S’insurgea le Général Pagebouzille, vous savez bien que c’est impossible ! Une mouche avec une araignée !!! C’est contre-nature. C’est pire que votre histoire de fourmi avec une
mouche ! C’est comme le soleil avec la lune, l’eau avec le feu…
- Non, au contraire, Général ! C’est ça l’Amour … »

DIS AUX AUTEURS QUELLE FIN TU PREFERES OU PROPOSE UNE NOUVELLE IDEE:
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